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AFUP AFUP Day 2025 Baromètre Planète PHP PUFA
 

Les journalistes se moquent des logiciels libres, je vous explique pourquoi

Description

Pourquoi les médias spécialisés et rubriques "tech" des grands médias sont-ils souvent énamourés envers les nouveautés et modes technologiques, parfois jusqu'à l'absurde ? Pourquoi les chefferies des rédactions généralistes n'y comprennent souvent rien (mais ça va un peu mieux) ? Et surtout, pourquoi, mais pourquoi les groupes de presse, de télé et de radio détestent-ils autant en privé les grandes plateformes de l'internet contemporain, tout en leur faisant les yeux doux en public, et en ignorant copieusement les alternatives logicielles libres ? Une conférence pour mieux comprendre cette étrange espèce que sont les journalistes, leurs œillères, leurs contraintes... et leurs patrons.

Conférence donnée lors du Forum PHP 2023, ayant eu lieu les 12 et 13 octobre 2023.

Informations complémentaires

Vidéo

Le speaker

Loris GUÉMART

Journaliste au sein du site indépendant de critique des médias Arrêt sur images. Ancien journaliste local. Était blogueur à une époque où les espaces de liberté du web étaient encore dominants. Code peu mais écrit beaucoup. Observe avec intérêt les représentations médiatiques des univers numériques et scientifiques.

Transcript

Merci à vous. Bonjour ou bientôt bonsoir.

Je suis le conférencier alien de la journée.

Comme il a été dit, je suis journaliste pour le site Arrêt sur images.

Arrêt sur images vous raconte pourquoi vous avez pu voir, lire ou entendre des choses à la radio, à la télé.

On appelle des journalistes, on produit des analyses et des enquêtes sur les médias.

La grande question qu'on va se poser ce soir, c'est pourquoi les journalistes se moquent-ils des logiciels libres ? Pourquoi ils n'en parlent pas ? Pourquoi ils en parlent peu ? Pourquoi ils en parlent mal ? On va commencer tout simplement en voyant en quoi ils en parlent peu ou mal, mais surtout peu en réalité, puisque comme un bon journaliste d'Arrêt sur Images J'ai commencé par faire une recension.

J'ai regardé tout simplement, est-ce que les médias parlaient des logiciels libres ? Je vais donner quelques exemples.

On va commencer par ce forum, le Forum PHP 2023.

Il est intéressant ce Forum pour un journaliste.

Il y a des conférences, il y a des développeurs et des développeuses qui n'hésitent pas à s'exprimer de manière parfois acide sur leur propre milieu.

Normalement, les journalistes, ils aiment bien ça.

Des gens qui parlent mal de leur milieu, qui bavent, qui font les commères.

Je vois qu'il y a des sourires dans la salle.

Vous savez très bien de quoi je parle, c'est bien.

Intéressant ! En plus, moi, j'ai regardé le programme.

Alors certes, Symfony pour Le Monde, ça ne va pas être très intéressant.

Mais par contre, le burn out dans le numérique. Ça, c'est un bon sujet pour Le Monde.

Ça fera un bon sujet pour BFM aussi.

Je regarde là... Qu'est-ce que j'ai vu ? Oui, l'inclusion. C'est bien l'inclusion.

Les médias, ils aiment bien ça, l'inclusion.

Les médias de gauche, ils pourraient venir.

Libération, l'inclusion, ça leur plaît ? Qu'est-ce qu'il pourrait y avoir d'autre ? J'avais vu autre chose qui m'intéressait.

Oui, j'avais vu les questions de salaires.

Les salaires, on aime bien ça, l'argent, les journalistes.

On aime bien en parler.

Surtout quand les gens, ils en gagnent.

Je crois que les développeurs, ça va, on gagne quand même un peu d'argent quand on est développeur.

Et puis demain, il y aura les femmes et le numérique.

Ça, c'est super, les femmes et le numérique.

Des journalistes qui peuvent dire que un milieu est sexiste.

On aime bien aussi ça.

Je suis un peu étonné.

Il n'y a personne. Il n'y a pas un journaliste.

J'ai posé la question à l'AFUP tout à l'heure.

On m'a dit « Il n'y a pas un journaliste ».

On m'a dit « Il y a peut- être quelqu'un qui a essayé de se faire passer pour un journaliste pour venir gratos ».

Ce n'est pas moi, je suis vraiment journaliste.

Mais si la personne se reconnaît, puisqu'elle a finalement payé, ce n'est pas bien.

Il faut pas se faire passer pour des journalistes.

On a déjà suffisamment de mal à être un peu respectés.

Il faut pas faire ça, vraiment. Donc c'est bien dommage.

Il y a personne à l'AFUP.

Il n'y a personne au Forum PHP 2023.

Il n'y a personne qui va en parler.

Il n'y a personne qui va venir vous embêter toute la soirée en attendant que vous ayez un petit peu bu pour vous poser des questions qui leur permettront de publier des citations qui vont faire cliquer.

Tout ça, c'est bien dommage.

On va essayer de voir, peut-être qu'il y a d'autres sujets qui intéressent les médias dans le logiciel libre ? J'ai été regarder LibreOffice ou Microsoft Office, j'ai regardé les résultats de l'année dernière chez BFM.

Là, ce que je vous mets à droite, c'est trois exemples de BFM, mais j'en ai 25 autres.

À gauche, moi, ça me semble clair.

Ne m'en voulez pas, j'ai utilisé Google.

On fait ce qu'on peut.

J'ai un peu fait chou blanc.

Je me suis dit « Bon, je vais aller voir peut-être les Google Docs, c'est pas non plus un sujet super médiatique.

Là, ça va peut- être être plus équilibré ».

En gros, Mastodon, c'est naze.

Et puis, par contre, Google Docs, il y a plein de trucs trop bien.

Ils font de l'IA, on peut stocker ses documents de façon sécurisée.

Il y a plein d'actus.

Les médias, ils aiment bien en parler, alors que Google Docs, c'est un poster.

C'est comme Office, globalement, pour un journaliste, ce n'est pas non plus le sujet théoriquement le plus glamour, donc il n'y a pas de raison que ce soit autant déséquilibré.

Je me suis dit « Je vais aller chercher d'autres sujets, je vais aller voir Le Monde » parce que Le Monde, c'est un média sérieux, ils ont un service Pixel, ils ont des journalistes qui s'occupent du numérique.

Je sais qu'ils s'intéressent à ces sujets-là.

J'ai regardé ce qui avait été publié depuis cet été.

À gauche, vous avez ce qui a été publié sur le logiciel libre.

Ils ont une rubrique quand même, donc on progresse.

Je tiens à dire qu'on progresse, c'est mieux.

À droite, c'est juste la rubrique Microsoft.

J'ai enlevé toutes les annonces, tous les trucs un peu genre les actus pas sympa pour Microsoft.

J'ai gardé juste les annonces de produits, les trucs insolites, sympa, qui peuvent faire cliquer les gens.

Le logiciel libre dans son ensemble est vaincu par Microsoft, mais à plate couture, on a deux fois plus d'articles.

Il y a aussi évidemment Google, Amazon et toutes les autres sociétés qui ont leurs rubriques dans Le Monde aussi.

Pour l'instant, c'est pas folichon.

Je me suis dit « Moi, j'utilise KeePass ».

Parce que je suis journaliste, donc je suis pauvre, globalement.

Et en plus, je suis un peu méfiant.

Une question de sources, ce genre de choses.

Du coup, j'ai pas trop envie de mettre mes mots de passe qui traînent en ligne, etc.

J'ai KeePass, je sais qu'il y a Bitwarden aussi qui est un peu plus en ligne, c'est quand même plus pratique, etc.

Et puis, de l'autre côté, j'ai pris juste un seul logiciel payant fermé de mots de passe.

J'ai pris 1Password.

J'aurais pu prendre Lastpass, mais en ce moment, il y a beaucoup de résultats LastPass en ce moment pour de mauvaises raisons.

Donc bon, je me suis dit que ce serait tricher.

Et alors là, je n'ai même pas demandé depuis cet été ou depuis un an.

J'ai demandé depuis toujours.

Alors bon, voilà, KeePass plus Bitwarden ça ne fait même pas la moitié de 1Password dans Google Actus en termes de retentissement médiatique.

On est toujours sur, globalement, pas grand chose.

Quand même, je me suis dit, il y a des choses...

Les médias, il y a de belles histoires dans le logiciel libre, surtout en France.

Je me suis dit « Allons voir VLC », parce que VLC, c'est quand même une histoire incroyable.

On pourrait avoir quasiment un article par an de cinq pages, une double page dans Le Monde.

C'est une histoire qui se raconte au long cours.

J'utilise VLC depuis 2002, 2003, en gros depuis l'époque où il fallait VLC parce que sinon, il fallait installer 74 codecs et que l'ordinateur, il se crachait et qu'il y a rien qui fonctionnait.

Tout le monde utilisait VLC pour pirater des DivX.

Il ne faut pas dire...

Il n'y a pas de journaliste dans la salle, donc je peux dire ce que je veux.

C'est tout le problème.

On est au cœur du problème.

Là, VLC, quand même, ils ont mis 20 ans, mais au bout de 20 ans, ils se sont mis...

Pour les 20 ans, ils ont tous fait des papiers.

Ils ont fait des beaux papiers, etc.

En plus, je suis sur Arrêt sur images, je suis un peu injuste, parce qu'en réalité, en 2012, il y avait déjà eu un petit peu de papiers parce qu'ils avaient franchi le milliard d'utilisateurs et du coup, il y avait des tout petits articles de quatre paragraphes.

Là, on a des beaux papiers.

C'est bien.

Même Le Figaro a découvert VLC, pour arriver jusque aux Échos.

Les Échos, c'est Les Echos Start.

Ne vous leurrez pas, il ne faut pas trop rêver.

C'est Les Échos pour les djeuns, Les Échos des jeunes pousses, Les Échos des gens qui progressent.

Mais quand même, il y a Konbini qui a fait une super vidéo avec le chapeau sur la tête.

Quand même, 20 ans pour VLC.

C'est un peu dommage.

C'est une histoire formidable.

C'est une histoire que les journalistes aiment bien, c'est une histoire d'universitaire, c'est une histoire de gens dans leur garage, c'est une histoire concernante parce que globalement, je pense pas que j'ai été le seul dans les années 2000 à utiliser VLC pour pirater des films.

Je pense que globalement, tous les gens là, toute cette salle l'a fait, ne mentez pas.

Je pense que tout le monde se reconnaît ici.

J'étais un peu déprimé là.

Je me dis « Qu'est-ce que je vais pouvoir trouver ? Est-ce que j'ai des choses un peu mieux ? » Je me suis dit « Est-ce que maintenant on peut jouer sur Linux ? Parce que moi, je suis un jeune vieux, j'ai bientôt 40 ans. En ce moment, j'ai une famille, j'ai des enfants en bas âge, j'ai plus le temps de jouer ».

Je pense qu'il y a plein de gens qui vont se reconnaître aussi dans cette salle.

Et là, je me suis dit « C'est vrai, est-ce que maintenant on peut jouer sur Linux ? » Vraiment jouer à plein de jeux et tout.

En fait, je regarde et en fait, oui.

On peut jouer sur Linux.

Ce que vous voyez là, c'est à peu près la quasi-totalité de la couverture médiatique de « On peut jouer sur Linux ».

Voilà.

On a Dexerto, Canard PC, Les Numériques.

Il y a un joli papier de Clubic en 2021.

Donc 2021.

Je suis ces sujets.

Je découvre qu'on peut vraiment jouer sur Linux.

On est en octobre 2023.

Visiblement, et là, pour le coup, mon travail, c'est de lire Le Monde, Libé, Le Figaro, de regarder BFM et tout.

C'est ce que je fais.

Ils ont même pas parlé, c'est normal.

C'est pour ça que je ne suis pas au courant.

C'est un peu dommage parce que, peut-être que...

Là, j'ai une machine sous Windows 7 qui ne passera jamais sous Windows 8 parce que Microsoft a décidé que si c'était 2017, ça ne passait plus.

Il faudra que j'installe Linux un jour parce qu'il y a plus rien qui fonctionnera.

J'installerai Linux et puis elle sera trop lente.

Elle est déjà trop lente.

Peut-être que j'aurai envie de jouer ? Peut-être que si les médias en parlaient, ça me pousserait à installer Linux et à y jouer.

À me dire bon, en fait, il faut que j'arrête de me dire « Oui, Linux, c'est chiant, c'est libriste ».

Non, en fait, je veux dire si on peut jouer, c'est un seuil majeur et là, les médias pourraient avoir effectivement un rôle à jouer.

Là, clairement, ils ne l'ont pas joué.

J'avais quelques souvenirs quand même que Google et Microsoft ont entravé sévèrement Firefox ou avaient entravé, où il y avait eu des accusations croisées, etc.

Là, on voit, on est 2017, 2018, 2022.

Ce n'est pas à l'époque où...

Ce n'est pas toute cette période où Firefox a régressé au point de devenir aujourd'hui rien ? Moi, je l'utilise.

Je suppose qu'il y a plein de gens ici qui l'utilisent aussi.

On est un peu seuls, il faut être honnêtes.

Moi, maintenant, quand je parle de Firefox, avant, je ne m'embêtais pas.

Il y a dix ans, j'installais l'ordinateur de quelqu'un : la grand-mère, la cousine, machin.

Je mettais Firefox et puis je disais « C'est très bien ».

Après, j'ai installé Firefox et Chrome parce que c'est vrai que les services Google, parfois, ils étaient un peu lents sur Firefox.

Et puis maintenant, si j'en parle, on me dit « Non, mais attends, Firefox c'est trop lent ».

« Ne m'installe pas Firefox, mets-moi Chrome ».

Ou alors on me dit « Moi, j'aime bien la vie privée, tu peux me mettre Brave ? » Globalement, ça sent un peu le sapin et il y a une origine.

Là, je vous ai mis des articles, vous vous dites « OK, il met Phonandroid et Next Inpact, pourquoi ? » Parce qu'il n'y a rien dans les médias généralistes.

Je veux dire rien.

Pareil, mon taf, c'est de chercher, c'est de trouver ce genre de contenu médiatique.

Il n'y a rien.

Le Monde n'en a pas parlé, BFM n'en a pas parlé.

Le 20 heures de TF1 n'en a pas parlé à votre grand-mère.

Personne n'en a parlé.

Donc, les gens n'ont aucune idée.

Ils se disent juste que Firefox, c'est naze, ce n'est pas bien fait, c'est trop lent, ça fonctionne pas.

Quand on ouvre Gmail, ça met des plombes.

La batterie de l'ordinateur, elle se vide plus vite que s'ils utilisent Chrome... Ou Edge pour votre grand-mère.

La photo média, ils n'en parlent pas. Dommage.

Alors, la question.

Je me suis dit « OK, ça c'est mon constat, mais moi je suis qui ? Je suis juste un journaliste devant mon ordinateur qui regarde des choses sur les internets » Donc, j'ai appelé quelqu'un qui est un petit peu plus documenté que moi sur le sujet, qui est Olivier Ertzscheid, qui est maître de conférence en sciences de l'information et de la communication, qui a le blog Affordance, qui est connu, je pense, d'une bonne partie de cette salle.

C'est qu'il est appelé tout le temps, Olivier Ertzscheid, il est appelé tous les quatre matins par les journalistes parce que, ça, il me le dit, mais je confirme, les journalistes, une fois qu'ils ont un contact de quelqu'un qui parle bien, qui est bon client, ils filent le contact à un autre, ils filent le contact à toute la rédac et puis à la fin, il y a un sujet avec le numérique, ils ont trois noms.

Olivier Ertzscheid, on l'appelle pour tout et n'importe quoi qui a un lien vague avec le web, le numérique, ce que font les jeunes ou les libristes.

Mais en fait, non.

Il n'est pas appelé pour les libristes alors que ça, c'est un sujet duquel il parle.

Ce sujet-là, il le connaît. Ce sujet-là, il en parle.

Ce sujet-là, il milite dessus.

Comme vous voyez, il m'a dit « J'ai très peu de sollicitations » puis après, il m'a dit « Personne ne m'appelle jamais ».

Je pense que ça faisait trois ans qu'il n'y avait pas un journaliste qui l'avait appelé pour lui faire parler du logiciel libre.

Donc à la fois, il était content que je l'appelle, mais en même temps, il aimerait bien que les journalistes l'appellent un petit peu plus.

Donc il confirme le constat.

Les journalistes et le logiciel libre, ce n'est pas folichon.

Je pense que c'est un constat que vous aviez que tous fait.

Ça fait dix minutes que je suis devant vous pour vous dire « Les journalistes foutent du logiciel libre. » Là, vous êtes là « Oui, alors on était un peu au courant en fait.

Maintenant, on va arriver au pourquoi ? Pourquoi ce désintérêt médiatique ? J'ai appelé d'autres gens que vous connaissez.

J'ai appelé des gens qui en ont parlé du logiciel libre, qui ont essayé, qui ont eu des médias qui en parlent du logiciel libre ou qui en parlent moins, vous allez voir.

Du coup, j'ai eu Guillaume Champeau, fondateur de Numerama.

Il y a son collègue dans la salle que j'ai eu aussi, mais on va y venir.

Lui, il regrette un peu le passé.

C'était mieux avant.

C'est vrai que le journalisme tech s'est construit par vous, en fait.

C'est-à-dire que c'est des gens comme vous, au départ qui deviennent journalistes tech et qui fondent des médias tech.

C'est des gens qui sont intéressés par ce qui se passait, par les débuts du Web, vous faire découvrir à vous des choses, puisque vous étiez la même communauté.

Et puis le milieu, il s'est professionnalisé.

Ça veut dire qu'il y a des gens qui sont devenus journalistes tech, déjà, ils étaient plus jeunes et puis ils sont venus d'écoles de journalisme.

Là, ça change tout.

Parce qu'on est sur des gens qui viennent faire d'abord du journalisme, qui ne viennent pas d'abord parler de la tech.

Qu'est-ce qu'il nous dit, Guillaume Champeau ? Excusez-moi, j'oublie les propres citations que j'ai écrites.

Il dit « On était conscients de tout ça.

Et puis on est venu à un journalisme... » Lui, il dit « Plus consumériste », moi, je dirais plus professionnel.

C'est-à-dire effectivement, oui, le journalisme est sensible au marketing, est fasciné par les grosses boîtes et il va dans le sens des utilisateurs.

Pourquoi il va dans le sens des utilisateurs ? Parce que les utilisateurs, c'est de l'audience.

Et ça, c'est pareil, on va y revenir.

Comme il y a plus d'utilisateurs, des outils, des grosses marques, elles sont plus relayées, ça fait boule de neige.

Logique.

Parce que l'audience, pour la plupart des médias, c'est de la pub et donc c'est leur modèle économique qui est en jeu.

Et quand c'est pas de la pub, même les médias sur abonnement, beaucoup de médias sur abonnement ont de la pub, déjà.

Le Monde, ils ont aussi de la pub, donc ils sont aussi dépendants de l'audience.

Et souvent, ils considèrent également que plus ils font d'audience, plus ils attirent des abonnés.

C'est une réflexion qui est variable.

Je manque de nuances ici mais c'est pour la cause.

Continuons.

Là, on a Thibault Prévost, qui est journaliste et chroniqueur techno-critique, en gros.

Il est notamment chez Arrêt sur Images, mais pas que.

On peut aussi le lire dans Le Monde et dans d'autres publications.

Lui, il tient un peu le même discours que Guillaume Champeau.

Il ajoute quelque chose, c'est qu'effectivement, aujourd'hui, on est formé...

Il y a eu, comment dire, la parenthèse bénie du Web où on piratait des DivX et où on installait VLC pour les lire.

Ça, c'était la parenthèse « Le monde allait changer, c'était merveilleux.

On allait faire un nouvel humain avec un Web libre et ouvert. » Voilà, je pense qu'il y a la moitié de cette salle qui a cru à l'époque.

Moi aussi. Moi, j'ai cru, j'étais comme un dingue.

Le Web, il s'est refermé sévèrement.

Aujourd'hui, les générations qui arrivent au journalisme, elles sont biberonnées à quoi ? Elles sont biberonnées à des logiciels fermés, privés.

Olivier Ertzscheid me le dit beaucoup mieux.

Il me le dit avec des mots de maître de conférence, presque de sociologue.

Il me dit « Les journalistes sont des êtres sociaux comme les autres.

Ils sont allés à l'école et ils sont pris dans ces dynamiques-là, c'est-à-dire des sociétés où on est essentiellement formés sur des logiciels propriétaires. » Ça, c'est la triste réalité, les journalistes sont comme tout le monde.

C'était la grande découverte de la soirée.

Les journalistes sont des gens tout à fait comme les autres.

Continuons.

Là, on a Cassim Ketfi, qui était journaliste et qui est devenu chef des actus chez Frandroid.

Il faut savoir que Cassim Ketfi, il m'en a parlé, il me dit « Moi, j'étais à l'université, j'ai été biberonné au logiciel libre.

En réalité, c'est quelque chose que j'apprécie, que je pense important, etc. » Si vous allez sur Frandroid, en réalité, le logiciel libre, c'est 1 % des articles, 2 % des articles.

Moins que ça même, je pense.

Il le sait.

Lui, il le résume de manière beaucoup plus prosaïque que les précédents qui utilisaient plein de jolis mots pour dire des choses très simples.

C'est un bon journaliste, Cassim Ketfi.

Si on doit parler des mises à jour du système, par exemple, sur PC, Windows, c'est 90% de parts de marché, Linux, c'est 10 %, donc Windows va concerner 90% des gens.

La question c'est que quand un journaliste vient vendre à son rédacteur en chef un sujet sur Linux ou sur Firefox, aujourd'hui en tout cas, le rédacteur en chef lui dit « En fait, tout le monde s'en fout.

Qui ça va intéresser ton sujet ? Ce sera pas lu. » Si c'est pas lu, ça fait pas d'audience.

Si ça fait pas d'audience, ça fait pas d'argent, ça donne pas de visibilité aux médias.

On pourrait même parler de la puissance des algorithmes de Google Discover ou d'Apple News qui renforcent encore cet effet-là.

Vous voyez bien que là, on a un système qui tourne en boucle, qui s'auto-alimente et qu'en fait, le logiciel libre est perdant à absolument tous les coups, vu des médias et des journalistes.

Là, vous êtes en train de vous dire « Mais en fait, le journalisme, c'est très différent de ce qu'on nous vend. » Quand les journalistes, ils en parlent et quand à la télé, les responsables de média viennent dire « Oui, la liberté de la presse.

Et puis, vous savez, nous, on défend la démocratie.

On est le cinquième pouvoir. » Oui, dans l'ensemble, oui.

Ça ne veut pas dire qu'ils n'en sont pas forcément conscients, on va y venir.

Là, on a David Legrand qui, s'il n'est pas dans la salle, je vais lui en vouloir, j'espère qu'il est dans la salle, qui est l'ancien directeur de la publication de Next Inpact et qui est maintenant collègue de Guillaume Champeau.

Il y a une société qui a recruté tous les anciens journalistes qui aiment bien le logiciel libre.

C'est très bizarre.

Et il dit « Les GAFAM surcommuniquent publiquement avec une grande puissance d'annonce qui peut nourrir un média toute l'année en concentrant toutes ses annonces un jour donné. » Et ensuite, « Je vais sortir des médias traditionnels »...

Il y a si je prends un YouTubeur comme MKBHD qui est le plus gros YouTubeur tech étatsunien, lui, il va à la keynote Apple, il fait un petit papier, la keynote vite fait.

Après, il va faire l'iPhone, découverte de l'iPhone.

Après, il va faire plonger en profondeur dans l'écosystème d'iOS.

Et puis, il va faire un troisième sur la nouvelle montre.

Là, il peut tenir un mois et demi comme ça.

Là, il y a du volume et tout.

Je crois que je n'ai jamais vu cette chaîne YouTube parler de logiciel libre.

Dommage.

Parce qu'en plus, il est bon.

Il sait les présenter les trucs. Moi, j'aimerais bien le voir.

Oui, la nouvelle version de Firefox.

Attention, ils ont ajouté un outil de traduction.

On va passer 12 minutes dessus avec des gros plans et ça va être incroyable et vous allez pas en revenir, et on va discuter pendant huit minutes de leurs intentions et du fait que pour l'instant, c'est pas encore parfait, mais que dans trois mois, ça devrait être mieux et qu'il y a plein de gens qui bossent dessus et qu'il a parlé au numéro 2 de Mozilla en personne.

Non, ça n'existe pas ça.

David Legrand résume aussi.

Il résume bien, David Legrand.

Tout ça, c'est des bons journalistes, ils résument bien.

Quand tu es journaliste tech, tu vas plus aller à une sauterie Google qu'à une conférence de libriste.

En vrai, il m'a dit « une conférence de libriste à Vierzon ».

Là, on est à Disneyland Paris, donc je l'ai pas mis.

Je trouvais quand même qu'il exagérait.

Il se trouve que Thibault Prévost, avant de devenir chroniqueur techno-critique, il était déjà techno-critique dans sa tête, mais il bossait à Konbini Tech.

Et l'époque, il était allé à une Apple Keynote.

Du coup, je fais un peu de pub pour Arrêt sur Images parce qu'on lui a fait raconter quand il y a eu...

C'était pas la dernière, c'était celle d'avant.

Il y avait Mouloud Achour qui a fait des bisous au boss d'Apple.

Parce que oui, un boss d'Apple, on lui fait des bisous.

Mouloud Achour, il ne rate jamais de faire des bisous au boss de...

Je prends toujours Firefox comme exemple parce que quand même, Firefox, c'est bien Firefox.

Pour aller faire des selfies.

Non, il ne fera pas de selfies.

Et donc Thibault, il avait été à l'Apple Keynote et puis il avait un peu...

À la fois, il avait kiffé en tant que journaliste.

On l'avait amené en avion, super hôtel, bon petit dej, on mange bien, les attachées de presse, elles sont super sympa, ils donnent...

Les cadeaux sont mieux qu'ici, je tiens à le dire.

C'est ça les conférences de libristes de Vierzon.

Oui, eux, ils savent.

Ils mettent les petits plats dans les grands.

Pour eux, c'est trois centimes, mais en vrai, vu du journaliste, c'est la folie ! C'est incroyable, ça met dans de bonnes dispositions.

Vous voyez ? Pensez-y l'AFUP, faites-les venir en avion à Disneyland Paris ou en hélico, vous les amenez des rédactions dans le XVᵉ.

Vous allez voir, déjà, ils auront des étoiles plein les yeux.

Là, on va en venir au gros morceau, vu d'Arrêt sur Image, qu'est- ce qu'il me dit, Olivier Ertzscheid ? Il n'est pas le seul.

Il y a les deux tiers des journalistes à qui j'ai parlé qui me disent la même chose.

Il ne peut y avoir de discours sur le Libre qui ne soit pas un discours militant, un discours politique et les gens qui font profession de journalistes peuvent être pris dans cette forme d'injonction un peu paradoxale, les obligeant à sortir de la posture factuelle qui est la leur.

Et là, on est au cœur du problème.

Parce qu' au-delà de « Oui, Apple, ils donnent des petits fours et les journalistes, ils aiment bien ce qui brille et ça fait plus d'audience. » Vu d'un média grand public, notamment un média très grand public comme BFM, un média professionnalisé, un média avec des vrais journalistes, qui ont fait des vraies études de journalisme dans des belles écoles de journalistes, on leur a appris que le journaliste...

Maintenant, on ne leur dit plus « le journaliste est objectif ».

Ça, ça y est, on a compris, le journaliste n'est pas vraiment objectif, mais le journaliste est neutre, il est factuel, il est honnête.

Le journaliste ne fait pas de politique.

C'est vrai qu'aller voir des libristes, on se retrouve vite avec un discours politique.

On a vite des gens qui vous disent « Oui, mais si il faut utiliser Firefox, même si c'est peut-être un petit peu plus long que Chrome avec Gmail, c'est parce qu'en fait, le jour où il n'y aura plus Firefox, Google sera maître.

Avec Chromium, il ne restera plus qu'on aura tous une base Chromium et puis le jour où Google décide de vraiment faire de...

Je ne vais pas utiliser de gros mots parce que c'est filmé.

En fait, on n'aura plus aucun choix.

Ce sera fichu, ce sera terminé.

Et ça, pour un journaliste, raconter ça à ses lecteurs, c'est quand même très très militant.

C'est vachement engagé.

Alors, dans Le Monde, ils n'hésitent pas.

Vous avez vu, vous n'avez peut-être pas vu, mais les gens qui avaient l'œil attentif, ont vu que Le Monde avait publié un papier qui était un peu un plaidoyer, justement, pour le libre, ce qui veut dire que ça progresse et que ce n'est pas terrible, ça va mieux dans certains médias, dans certains rares médias.

Mais globalement, il y a une réticence intrinsèque avec ça de la part des journalistes.

Nous, à Arrêt sur Images, on est un média engagé, donc on assume ce genre de choses.

On considère que le journaliste, il faut pas qu'il ait peur de dire d'où il parle, il faut pas qu'il ait peur de s'engager.

Nous, on est engagés pour la déontologie journalistique.

Ça fait beaucoup de très grands mots, mais on la défend.

Après, on nous traite de curés.

Vous voyez, vous aussi, vous vous traite de curés d'ailleurs.

Je crois que je suis pas le seul, moi on me traite de curé, mais je suis sûr que vous aussi.

« Oui, tu nous fais chier avec Firefox... » Pardon, j'ai dit un gros mot.

« Tu nous embêtes avec tes Firefox, avec tes logiciels libres, avec...

Et que patati et que patata, et que PHP c'est bien, et que c'est quand même une brique essentielle du Web.

On ne va pas rappeler tout le temps que sans le logiciel libre, tous les systèmes qu'on utilise aujourd'hui n'existeraient pas et que s'il n'y a pas le gars qui maintient la petite brique au fin fond de la Norvège, tout s'écroule et tu ne peux plus rien acheter sur Amazon. » Non, ça, en tant que journaliste, c'est un peu trop compliqué.

Cassim Ketfi me le disait, ça.

Il le disait gentiment. Il le disait l'air de dire « Nous, on est un média grand public, vulgariser ce genre d'enjeux, oui, on devrait le faire, mais en même temps, ce n'est pas facile. » Et alors là, on en vient à ça.

C'est aussi de votre faute.

Vous êtes des curés. C'est compliqué.

Vous parlez tout le temps de politique et puis vous pourriez emballer un petit peu le discours.

Vous pourriez leur dire « OK, d'accord, on est gentils.

On a bien vu que tu utilisais Office parce que c'était installé avec ton ordinateur.

Et puis, on a bien vu que là, le conférencier, il avait fait sa présentation sur Google Docs. » Pardon. J'ai fait ça vite fait.

J'ai été au plus simple. Vous voyez ? Ne m'en voulez pas.

Vous ne venez pas m'embêter à la fin de la conférence ! Et alors ? Voilà ce qu'il me dit, David Legrand. Il y a autre chose.

Il n'y a pas que ça.

Et là, je vais reparler de l'AFUP.

Parce que quand j'ai demandé...

Bon du coup, PHP 2023, bon, il n'y a pas de journalistes, mais vous les avez appelés ? Vous leur envoyez un petit communiqué de presse ? On m'a dit « Non, on ne fait plus ça.

À un moment, on a essayé, on avait même pris des attachés de presse, mais en fait, les journalistes... » Et oui, c'est dur, surtout face à des grosses boîtes qui, elles, embauchent la crème de la crème.

Vous voyez, là, je vous l'ai fait gratos, là.

Les journalistes, c'est sûr, si vous leur dites « Oui, si vous appelez le service Pixel Monde pour leur dire oui, on va vous raconter en anglais par un mec allemand qui a fait les briques de base de Framasoft pourquoi PHP is still awesome in 2023 ? » ils vont pas venir.

Par contre, si vous leur dites « Oui, on a des gens qui vont parler temps de travail, qui vont parler de leur burn out dans la tech. » Plus tentant, ça.

Ou « Du sexisme de la tech. » Il y aura des choses à dire là. Ça aussi, c'est tentant.

Je reconnais que ce n'est pas facile parce qu'on a un petit cœur, mais on est des gens...

Bon, pour nous faire venir...

Sinon, il y a l'hélicoptère. C'est cher.

Parce que l'hélicoptère, c'est bien parce que c'est à Boulogne, donc ce n'est pas loin du 15ème.

Ils peuvent même y aller à pied de la rédaction.

Vous les emmenez.

Ça, c'est tentant.

C'est un petit vol en hélicoptère.

Vous voyez Cochonou, quand ils font le Tour de France, ils font comme ça.

Ils disent « On vous emmène dans la caravane Cochonou. » Ils ont 40 papiers partout en France. Chaque année.

Chaque année, on ressort, nous, notre papier qu'on a fait il y a quatre ans ou cinq ans.

Et on dit « Les journalistes, ils sont repartis avec la caravane Cochonou. » Prenez une 2CV plutôt qu'un hélico, c'est moins cher.

Pimpez-là, faites un truc, il faut leur donner envie.

Et puis, David Legrand, il a raison.

Vous vous dites « Les journalistes... » J'ai oublié un guillemet.

« Les journalistes racontent n'importe quoi sur nos sujets.

Pourquoi leur parler ? » Et à la fin, on ne parle plus de vous.

Et oui, les journalistes racontent n'importe quoi.

Bien sûr qu'on raconte n'importe quoi.

Parce qu'en fait, on arrive une fois sur deux, le sujet, on l'a découvert il y a deux heures.

Et puis, il faut quand même qu'on en dise quelque chose.

Donc bon, vous voyez, là, je fais le regard fou.

C'est ça le regard du journaliste qui arrive sur un reportage où il ne sait pas du tout ce qu'il va faire ou comment il va le faire.

Aidez-les un peu.

Et pas en leur disant d'arrêter d'utiliser Chrome.

Soyez gentils, dites-leur « Quand même, vous le savez... » un peu de sexisme dans la tech et on emballe un peu de logiciel libre là-dedans.

Soyez pédagos.

C'est comme ça que ça marche.

Apple, ils font comment ? On vous donne un petit iPhone, voilà.

Soyez gentils, entre un petit four et le sourire d'une jolie attachée de presse, c'est tentant.

Je vous disais, ils ont un cœur, les journalistes.

Qu'est-ce qu'il me dit, Cassim Ketfi ? Pour moi, c'est comme manger équilibré, parler du logiciel libre et de sujets qui intéressent moins les gens, mais sont vitaux d'intérêts publics, c'est l'équivalent de manger des légumes.

Ça ne fait pas toujours plaisir, mais il faut le faire.

Parce que là, je vous ai dit, oui, les médias, ils ne cherchent que l'audience, les médias...

Ils sont corrompus, les médias, ceci, les médias, celà mais en fait, il y a aussi tout un tas de journalistes qui pensent à l'intérêt public et qui sont conscients du fait que le logiciel libre, c'est d'intérêt public. Que les atteintes au logiciel libre, c'est d'intérêt public. Que le fait que l'État adopte ou n'adopte pas le logiciel libre, c'est d'intérêt public.

Mais alors, pour qu'il le vendent dans leur rédaction, c'est pas toujours facile.

Même Cassim Ketfi, il est chef des actus chez Frandroid.

Donc théoriquement, vous vous dites « OK, le chef des actus, Cassim, c'est toi qui décide. » Nous, si Cassim décide de faire 20% de ses sujets sur le logiciel libre, à un moment, il a un chef qui va venir lui dire « T'es gentil, l'audience s'effondre, il y a personne qui passe de la pub, c'est pas possible. » Donc, imaginez ça à l'échelle de médias encore plus grands.

Remarquez, Frandroid, c'est un bon exemple parce que c'est devenu un groupe, ils sont chapeautés, il a au moins cinq supérieurs.

Pensez à ça.

Soyez gentils avec les journalistes.

Soyez pédagogues.

Soyez curés si vous voulez, mais avec votre famille, pas avec les journalistes.

C'est ce que j'essaye de faire.

Ça marche pas trop, mais on essaye.

Maintenant, est-ce que vous avez des questions ? Ça, c'est pour dire que j'étais nul.

Bonsoir.

Merci beaucoup pour cet excellent sujet, excellente conférence.

J'ai une question. Si on doit se vendre, étant donné que c'est déjà difficile pour les organisations qui font des conférences de trouver des sujets qui attirent suffisamment de monde.

Je ne sais pas si tu as assisté à la keynote ce matin, mais il y a une baisse, malheureusement, de fréquentation au Forum PHP, c'est très dommage.

Il y a des raisons, mais il faut attirer du monde.

Et pour attirer du monde, il faut des sujets qui intéressent.

Et les sujets qui intéressent les techs ne sont pas des sujets qui intéressent fondamentalement le journalisme, comme tu as pu nous le montrer aujourd'hui.

Sauf si on se met à parler de blockchain ou d'IA ou des trucs tendances. Si on doit se vendre, mais qu'en même temps, on veut avoir un discours politique pour favoriser le libre, je vais être très engagé, mais avoir des discours littéralement anticapitalistes, anti-sexistes, anti-capitalistes, etc, comment, littéralement, on fait pour vendre ces discours-là à des journalistes qui ne connaîtraient pas forcément bien le milieu ? La réponse est très claire.

Le discours anti-capitaliste, vous n'arriverez pas à le vendre.

Même Jean-Luc Mélenchon, il n'arrive pas à le vendre.

N'imaginez pas que vous arriverez à vendre ce discours-là à des journalistes.

C'est comme si vous disiez à un chat « Mais si, je t'assure, le chien, il est super sympa et ça va être ton copain. » Ça ne marchera pas.

Il faut commencer beaucoup plus bas avec les journalistes.

Si vous voulez faire passer un discours, le message, il doit commencer par la base de la base de la base de la base.

par exemple, tu sais que dans ton Android, la plupart des choses qui font que ça fonctionne, c'est libre, que c'est des gens comme moi qui prennent sur leur temps pour le faire bénévolement, que ces briques-là, elles sont maintenues et que « Tiens, d'ailleurs, il y a trois mois, t'as vu, il y a telle brique qui est tombée, ça pose problème.

Et le problème, c'est que les GAFAM, ils financent pas ça. » Ça, ça peut faire un premier sujet.

On n'est pas dans « Il faut abattre le capitalisme, aide-moi. » Ça, ça ne passera pas.

On est trop loin.

Thibault m'en parlait, justement.

C'est vrai que je ne l'ai pas assez cité, Thibault.

Je n'ai pas fait assez de pub pour Arrêt sur Images.

Thibault, il me dit « Le capitalisme, c'est hégémonique.

De la même manière qu'aujourd'hui, les systèmes privés sont hégémoniques, le capitalisme est hégémonique.

C'est un discours qui n'est pas audible, qui n'est pas entendable, qui est trop éloigné de la norme. » Et les journalistes sont des gens qui sont plutôt dans la norme.

Ce n'est pas une réponse super enthousiasmante, mais...

On a une dernière question.

Bonjour, David Legrand, je suis un rédacteur de la rédaction de Next Inpact.

Applaudissez-le, il a été sympa avec moi.

Très bonne conférence, très bonne citation.

À peu près exacte.

À peu près exacte.

Je suis d'accord, il faut mettre en capitalisme d'abord.

J'ai une question qui n'est pas très pertinente, mais est-ce que vous parlez beaucoup de logiciel libre chez Arrêt sur Images ? Chez Arrêt sur Images, non seulement on ne parle jamais de logiciel libre, mais on va très bientôt en parler, dans le stream que j'anime sur Twitch, de pourquoi les médias ne parlent pas du logiciel libre.

Parce qu'on est un peu écolo, donc on recycle.

Je vais recycler.

Et surtout, même à Arrêt sur Images, on est nous-mêmes même tiraillés en interne entre tenants du logiciel libre et pas tenants du logiciel libre.

Comme quoi, c'est un combat qui part de très loin.

Je suis plutôt parmi les tenants, mais même chez nous, ça fait débat.

Comme quoi, on n'est pas non plus si éloignés de la norme que ça non plus.

Et chez Next Inpact ? Peut-être un peu moins, mais j'espère que les gens prendront le relais.

Vous voyez qu'il y a du travail encore.

Ah oui, et abonnez-vous.