On pense encore parfois à l'Internet comme une sorte de territoire séparé, flottant au-dessus des passions humaines et des affrontements entre nations. Mais ce n'est évidemment pas le cas : les ordinateurs, les câbles et surtout les humains qui s'en occupent vivent dans un espace physique qui est toujours structuré par les situations nationales. La guerre en Ukraine provoquée par l'agression russe a une nouvelle fois illustré, hélas, ce point. D'autres affrontements, plus mesurés, ont souvent eu lieu. On va donc parler des liens entre l'Internet et les États-nations.
_ Bonsoir. On va parler de géopolitique. J'ai dédié cette conférence à une jeune Iranienne tuée par la police des mœurs pour avoir un mal porté le voile obligatoire. Ce mouvement a des liens avec le sujet de la conférence. Le mouvement de révolte du peuple iranien à amener le régime à accentuer la censure de l'Internet. Les Iraniens ont cherché différents moyens de le contourner. Il y a un terme que je déteste, c'est le "cloud". C'est de l'anglais. En français ce serait pareil. C'est un mensonge marketing. Ce terme cherche à faire croire aux gens un certain nombre de choses. Un nuage, c'est joli, ça plane. Ça n'a pas de lien avec la géopolitique. Ça plane au-dessus des pays. Ça vise à faire croire aux gens qu'il n'y a pas de frontières, ce qui serait cool. Mais ce n'est pas la réalité. Ça vise à nier l'existence des frontières. Ça fait croire aux gens que la Terre est toujours divisée en États. Le terme de nuage laisse entendre que tout cela est du virtuel et que donc, il n'y a pas de conséquences. Plusieurs conférences ont rappelé que Internet est tout à fait virtuel. Il y a des gens derrière. Il y a des matériaux, de l'énergie. Ce n'est absolument pas immatérielle. Je déteste aussi le terme de "monde virtuel". On utilise ces termes jusqu'à ce que la réalité nous rattrape. J'avais dit que je parlerais de truc triste, mais j'ai voulu mettre un slide humoristique, un titre du Figaro du mois d'août qui annonçait qu'à cause des conséquences de la guerre en Ukraine, il allait y avoir une pénurie de bière en Allemagne. Ça ne concerne pas directement Internet, mais ça illustre le fait que les événements qui se produisent dans le monde ont des conséquences.
Contrairement à ce qu'on lit parfois, ce n'est pas une guerre aux portes de l'Europe, mais elle est en Europe. Le premier exemple comme quoi le monde physique, les nations, la géopolitique comptent sur l'Internet, c'est l'Ukraine. Le dessin est difficile à lire de là où vous êtes, c'est un travail de recherche sur la connectivité des opérateurs Internet en Ukraine et les différentes relations qu'il y a. C'est un excellent travail. C'est important d'étudier comment les choses se font. La réalité, ce sont des connexions physiques et sociales. Ce sont elles qui peuvent changer en cas de guerre. Dans les territoires qui sont coupés par l'armée russe, une des premières choses qu'ont faites les autorités russes en pleine guerre, c'est de forcer les opérateurs Internet locaux à changer leur connexion vers l'extérieur pour que ça passe par la Russie. La plupart des acteurs ukrainiens, leur connexion allait vers l'Europe. À partir du moment où ça passe par les réseaux russes, ça veut dire que les communications sont accessibles aux mécanismes de surveillance russes, de regarder le trafic, de ce que font les gens, et aussi à leurs mécanismes de censure. Ce n'est pas juste une affirmation de souveraineté de la part de la Russie, ce n'est pas juste pour des raisons symboliques qu'ils forcent ce routage des communications. Il y a aussi des conséquences très concrètes. J'ai parlé de surveillance. C'est un autre aspect où la géopolitique compte beaucoup. La surveillance exercée par les États est plus facile quand ça passe par son territoire. Si on veut regarder le trafic et voir ce qui se passe, c'est plus facile quand la communication passe chez vous, vous pouvez faire ce que vous voulez, qu'à l'extérieur, ça peut être compliqué.
Actuellement, sur Internet, c'est relativement rare qu'une communication entre deux pays passe par un pays tiers, avec deux énormes exceptions : les États-Unis et la Grande-Bretagne. C'est le résultat qui vient du fonctionnement de l'Internet historique et du poids politique et social. Quand vous regardez la carte, vous avez l'impression que pour aller de Thaïlande au Japon, c'est plus logique de passer par la Chine, mais ce n'est pas le cas. Le trafic passe soit à l'extérieur par des câbles sous-marins, soit quand ça passe par un pays tiers, c'est souvent par les États-Unis. Si vous regardez l'Amérique latine, la connexion entre deux pays de l'Amérique latine passe quasiment toujours par les États-Unis. En Europe, la Grande-Bretagne joue un rôle similaire, mais beaucoup plus faible. Le résultat, c'est que les États-Unis disposent d'une capacité d'espionnage beaucoup plus grande. Edward Snowden a montré que les États-Unis utilisent largement cette possibilité. C'est important de signaler que je parle bien de l'Internet, pas des services qui tournent dessus. C'est mieux comme ça ? C'est important de distinguer l'Internet des services qu'il y a. On parle souvent d'Internet core, qui est le réseau sous-jacent, alors que dans les discours des hommes politiques et des journalistes, ils connaissent d'Internet que ce qu'ils voient. Il y a un Internet qui est en dessous, qui est le réseau qui sert à porter les communications. C'est de lui dont j'avais parlé ici. Je vais parler de géopolitique de l'Internet. La plupart des débats de politique et des livres qui encombrent les librairies sur l'Internet, sur les GAFA, les écrans, ne parlent que des services. C'est Google, Facebook.
Je voudrais plutôt parler de l'infrastructure, de l'Internet lui-même, du vrai Internet. Donc le cœur de l'Internet, c'est l'infrastructure physique, les câbles sous-marins, mais aussi toute une infrastructure de protocole au-dessus d'infrastructures. Le protocole de routage ne rend pas un service directement à l'utilisateur. C'est un socle indispensable. S'il ne marche pas, tout le reste s'écroule. C'est vraiment crucial que ce cœur continu à fonctionner. Il y a aussi une infrastructure sociale, les relations entre les opérateurs qui font que depuis Santiago du Chili jusqu'à Vladivostok, vous pouvez communiquer. C'est pour ça que du fait de l'importance du cœur, il y a un appel à sanctuariser le cœur. Le cœur de l'Internet doit rester une infrastructure commune, indépendamment de tel ou tel problème légal qui fait que telle ou telle vidéo devrait être retirée de YouTube. Apple a sanctuarisé le cœur. C'est bien l'Internet. Les appels à sanctuariser le cœur, je suis d'accord, mais en pratique, ça n'a aucune chance de marcher. Pour tout le reste, quand je dis Internet, c'est l'Internet, ce n'est pas le Web. J'ai parlé de surveillance et de censure en disant que l'un des buts des autorités russes, c'était de redirigé le trafic des zones occupées en Ukraine, c'était de faire passer par le système de censure russe. La censure est éminemment nationale. Ce n'est pas la même chose selon les pays. Aux États-Unis, il est interdit de montrer le bout d'un téton féminin, alors qu'un massacre à l'arme automatique, vous en montrez autant que vous voulez. En France, si on citait les motifs qui permettent légalement de censurer sur Internet, il y a tout ce qui est lié aux jeux d'argent, la propagande terroriste, la pédopornographie, les ayants-droits. Il y a moins de bases légales claires, mais tout ce qui est la propagande russe comme Russia Today et Spoutnik.
Les techniques de censure sont variées. En Europe, la technique la plus courante de censure s'attaque justement directement à l'infrastructure de l'Internet, au cœur. C'est le résolveur DNS menteur. Vous utilisez par défaut le résolveur DNS, la machine à qui votre machine va poser des questions DNS. Le résolveur et menteur, il ne va pas vous donner la réponse, mais il va prétendre que ça n'existe pas. L'Iran utilise d'autres techniques. Les techniques utilisées varient d'un pays à l'autre. Le principe d'interférer avec les communications est extrêmement fréquent. Je cite surtout des cas français sur ce slide. Le récent mouvement en Iran a rappelé qu'il y a des pays où c'est bien pire. En Iran, il y a eu des censures massives, y compris allant jusqu'à la déconnexion, comme au Kurdistan iranien. D'autres régions d'Iran ont été touchées de manière inégale. Pas mal de personnes en Iran utilisent les systèmes de messagerie Signal, qui est chiffré de bout en bout. Signal résout pas mal de problèmes, sauf qu'il est bloqué... Les serveurs de Signal sont bloqués en Iran. Les gens configuraient des relais Signal un peu partout dans le monde pour que les Iraniens puissent continuer à utiliser Signal malgré la censure. Il y a un jeu permanent : la guerre entre les pays la cuirasse. À chaque fois que l'épée se perfectionne, la cuirasse se perfectionne, etc. Un autre thème courant quand on parle de géopolitique... Est-ce que ça va avec celui-là ? Ou alors il faut le replacer, mais il bouge. Un autre thème qui est courant quand on parle de géopolitique de l'Internet et que vous verrez apparaître dans les discussions, dans des journaux, c'est le thème de la fragmentation.
La copie d'écran, c'était un article sur la publication d'un rapport au Parlement européen au mois de juin de cette année, détaillant de ce qu'il en était de la fragmentation Internet. C'est un thème qui est un peu à la mode. Ça exprime l'idée qu'il n'y a plus d'Internet unique, mais il y aurait une fragmentation avec un Internet chinois, états-unien. On peut dire tout et son contraire là-dessus. Il y a un problème très courant en politique, c'est qu'il y a des hypocrisies. Il y a des gens qui utilisent les mots pour dire autre chose, qui racontent un truc pour un but qu'ils n'osent pas avouer. Les GAFA aiment bien raconter que le RGPD européen fragmente l'Internet. Les données qui sont en Europe ne peuvent pas être exportées tranquillement aux États-Unis. Joe Biden a signé quelque chose la semaine dernière, mais à savoir comment ça sera appliqué. Leur argument est de dire que ça empêche le libre flux de l'information. Il y a un lobbyiste de Google qui a raconté ça encore la semaine dernière, pour dire autrefois, l'Internet, c'était cool, et que maintenant, le partage n'est plus possible. Google récolte plein de données, mais on n'en voit pas.
Quand quelqu'un parle de fragmentation, il faut être prudent. Un autre cas d'hypocrisie que l'on trouve assez souvent, c'est chez les courants souverainistes. Il y a des gens qui voudraient que l'Internet soit fragmenté et qui regrettent le fait qu'il y ait un Internet mondial. Ces souverainistes sont les premiers à dire qu'il y a une fragmentation et que c'est fait de manière à ce que l'on accepte qu'il n'y ait plus de communication. Ils prêchent ce qu'ils voudraient obtenir. La réalité est un peu différente. La réalité de la fragmentation aujourd'hui, c'est qu'au moins pour le cœur, ça reste peu fragmenté. On peut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein. Il peut y avoir des avis différents. Aujourd'hui, la plupart du temps, vous pouvez encore envoyer un paquet IP d'un point Internet à un autre. Il peut y avoir des pannes ou des actes de censure délibérés. Pour l'instant, ça reste possible. Mais quand on quitte le cœur et qu'on monte vers les services, on voit de vraies différences nationales. Les Chinois n'utilisent pas les mêmes services. Si vous croyez que tout le monde utilise Google et Facebook, ce n'est pas le cas dans le monde entier. Les Chinois utilisent plus souvent des services différents, les Russes aussi. L'Internet reste bien, pour l'instant, unique. Ma boule de cristal est en panne, je ne dis pas ce qu'il en sera dans 5 ans. La régionalisation relève souvent de choix nationaux ou culturels. Les Russes utilisent Yandex depuis longtemps. Ce n'est pas lié à la dictature. C'est comme ça depuis très longtemps, pour des raisons culturelles. Ça a été créé en Russie. Ça leur semble plus convenir.
Quand les gens disent qu'il y a un monopole de Google et Facebook dans le monde, non, c'est une vision étroitement nationale. La réalité du monde est bien plus complexe. Il y a toujours une menace de fragmentation. Aujourd'hui, le cœur de l'Internet reste peu fragmenté, mais la menace existe toujours. Elle est dans tous les pays. J'ai cité FT et Spoutnik. Le gouvernement français est le premier à mettre en place des systèmes de censure. Vous allez me demander comment on sait tout ça. Comment on obtient ce genre d'information ? Est-ce qu'il y a des gens qui vont se promener un peu partout pour étudier ça ? Il y en a, mais il n'y a pas que ça. Si on veut savoir ce qu'il se passe en Bolivie ou en Mongolie, on n'est pas obligé d'y aller. L'Internet a une qualité : il est très transparent. Plein de choses sont visibles par tout le monde. Vous pouvez faire des requêtes DNS. Vous pouvez voir où passent les paquets. Ça s'appuie sur le travail d'un certain nombre de chercheurs qui publient dans des revues sérieuses pour expliquer comment ça fonctionne. Ils s'appuient sur des outils et techniques, comme les sondes OONI. Comme la censure est nationale, il faut placer des sondes à différents endroits pour regarder ce qu'il se passe et qui signalent ce qu'elles ont vu. J'utilise plutôt les sondes RIPE Atlas. C'est un petit routeur avec dedans ce qu'il faut comme logiciels. Tout le monde peut leur soumettre des mesures à faire. C'est un outil de débuggage et de l'étude d'Internet est extraordinaire. Comme elles sont installées par des volontaires dans des réseaux...
En France, pas tellement. La France est assez bien couverte. Si vous pouvez obtenir que des sondes Atlas soient placées dans des endroits moins couverts et qu'elles soient maintenues, ce seraient intéressant. Il y a des pays entiers comme l'Algérie qui n'ont peu ou pas de sondes Atlas. Il y a des organisations comme Netblocks qui travaillent spécifiquement à étudier les problèmes de blocage. Il y a aussi de la désinformation. Il y a un mélange de n'importe quoi et de franche désinformation. Ce sont les gens qui ne comprennent rien et qui disent n'importe quoi. C'est fréquent. Dès qu'on connaît un domaine et qu'on regarde ce que racontent les médias, on est souvent consterné parce que c'est une série d'énormités qui fait peur. Ça repose souvent sur des choses qui sont complètement absurdes, qu'on trouve aussi dans d'autres domaines. Il y a des gens qui croient qu'à chaque fois qu'on regarde une vidéo sur YouTube, ça fait bouger les disques d'un serveur en Californie. Et il y a aussi de la désinformation délibérée, des gens qui racontent n'importe quoi parce que c'est dans leur intérêt. Dans le domaine de la fragmentation, j'ai souvent entendu dire que la Chine a sa propre racine DNS. C'est clairement faux. Vous allez à Pékin, dans un cybercafé, vous pouvez facilement voir que c'est faux. C'est une légende qui est répétée en boucle. Une fois qu'une légende est lancée, elle peut tourner longtemps. Souvent, c'est des pays lointains. Il est difficile d'aller vérifier. En Arménie, ils utiliseraient RINA. Ce n'est pas vrai. Un deuxième exemple après les récents événements en Ukraine, c'est un exemple qui est plus classique quand on parle de géopolitique de l'Internet, c'est l'exemple des noms de domaine. Il y a au moins un truc qui m'intéresse particulièrement parce que c'est une erreur est très répandue, notamment quand les joncs ont un projet de présence en ligne et vont choisir un nom de domaine, c'est la croyance que .com a un statut international. Ce n'est pas du tout vrai. Quel est l'organisme qui gère .com ? C'est une entreprise privée qui s'appelle Verisign. C'est une entreprise aux États-Unis, qui suit les lois de son pays. Il n'y a pas du tout de statut international qui les placerait à l'écart des lois. Ça a une importance pratique en cas de litige.
L'exemple, c'est celui d'une entreprise espagnole. Les gens qui leur avaient fait un procès ont recommencé le procès aux États-Unis et ont réussi à faire sauter le .com. Ce sera un tribunal aux États-Unis s'il y a un litige. La justice aux États-Unis a quelques particularités qui passe mal à la télé. Le gouvernement ukrainien avait demandé la suppression de .ru. Il y a eu aussi une demande adressée au RIPE-NCC. Qui sait à quoi ça sert ? À part les opérateurs de réseaux, peu de gens connaissent. Les registres des adresses IP sont beaucoup moins médiatiques. Il y a 5 organismes qui attribuent les adresses IP. Les RIPE-NCC, c'est celui de l'Europe. Ils ont dit qu'il n'avait aucun pouvoir d'enlever les .ru en Ukraine. Le RIPE-NCC est aux Pays-Bas et suit leurs lois. Ce n'est pas juste l'adresse IP en Europe, mais c'est l'Europe au sens large. L'Iran est également dans la zone. Le problème des sanctions est un problème ancien. Il y a aussi des opérations qui ne relèvent pas vraiment des sanctions légales. Il y a Cogent et Lubent qui ont débranché leurs clients russes.
Le trafic européen reste essentiellement en Europe. Quand on perd sa fibre, on n'a plus Internet. Un pays ne fonctionne pas comme ça. Surtout l'Europe, où il y a une forte connectivité interne. C'est assez spécifique à l'Europe. Dans beaucoup d'autres régions, par exemple en Afrique, à régler plutôt que la communication entre deux pays voisins passe par un pays tiers. Des fois, c'est pire. C'est à l'intérieur d'un même pays que la communication de deux fournisseurs d'accès passe par l'étranger. C'est le cas en Colombie, avec la communication qui passe par les États-Unis. On pourrait faire différemment. En Bolivie, une loi impose l'interconnexion locale. La Colombie a choisi une approche plus libérale, donc tout passe par Miami ou Los Angeles. J'ai un peu parlé de souveraineté. Quand on parle de géopolitique, souvent, on parle de souveraineté numérique. Le concept n'est pas bien défini. Des fois, c'est du simple chauvinisme. Le point important à se demander, c'est la souveraineté de qui ? Est-ce que c'est celle de l'État ou du citoyen ? La réalité est un peu différente. En conclusion, il y a des tas de trucs dont je n'ai pas pu parler comme les cyberattaques, mais le point important, c'est que vous soyez pour ou contre, l'Internet ne vit pas dans les nuages. Il vit dans le monde réel. Il n'y a pas de mondes virtuels. L'Internet vit avec des gens réels, des entreprises réelles, soumis aux règles politiques nationales. Je reprends un slogan ancien qui est que "Si tu ne t'occupes pas de géopolitique, c'est la géopolitique qui s'occupera de toi". On ne peut pas dire que la technique est neutre. De toute façon, il y aura des conséquences en raison des événements dans le monde. La copie d'écran, c'est un tweet pendant les élections en Zambie, où l'Internet avait été coupé. Je vous remercie. Il reste 2 minutes 30 s'il y a des questions ou des remarques.
_ Merci beaucoup. On a le temps pour une question.
_ Bonjour. C'était très intéressant. Je reviens sur le point de la collectivité. Vous disiez qu'au sein d'un même pays, il y a deux opérateurs qui n'étaient pas interconnectés. C'est à quel niveau qu'ils n'ont pas cet intérêt ?
_ Au début, c'est historique. Au début, les gens voulaient voir YouTube. Après, le phénomène tend à s'autoentretenir. Il n'y a pas d'hébergement local, donc on continue à privilégier la liaison avec l'étranger. Ce cercle vicieux s'autoentretient. En Colombie, ça va favoriser les abonnés d'un opérateur en particulier, celui chez qui c'est hébergé. Paradoxalement, la meilleure façon de servir à tous les citoyens, c'est d'être hébergé à l'étranger. Il y a aussi des rivalités locales. Les opérateurs nationaux sont concurrents. Ils ont plus envie de se connecter à l'étranger qu'avec des concurrents directs. Mon opinion est que si on ne fait pas une loi comme en Bolivie, le phénomène continuera éternellement. En Europe, il y a une forte pression des utilisateurs et des gouvernements. Ça ne s'est pas traduit dans des lois. Mais au moins des pressions locales pour qu'il y ait une interconnexion locale. Depuis longtemps, il y a de forts réseaux locaux qui existent. C'est simplement des phénomènes qui ne sont pas techniques. C'est entièrement du business.
_ Merci beaucoup. Comme vous le savez, on va enchaîner sur la keynote de clôture. Restez dans la salle, on se prépare et on enchaîne.
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