Deux développeuses back-end engagées rêvent de rendre l’ensemble de la tech accessible. Ce n’est donc pas un hasard qu’elles se soient trouvées chez Toovalu, éditeur de logiciel B-corp (société à mission) engagé pour le Climat et la RSE.
Dans ce talk on parlera du "combat" des développeurs et développeuses pour intégrer l'accessibilité du numérique dans notre entreprise où la culture web était à l'origine pratiquement inexistante. Nous vous présenterons également différentes méthodes et processus que nous avons mis en place pour permettre à tous les collaborateurs et collaboratrices d'intégrer l'accessibilité à leurs réflexes. Nous allons expliquer comment nous nous y sommes prises pour réparer l'accessibilité de l'outil que l'on développe.
_ Bonjour à toutes et à tous. Merci pour cette introduction. Je m'appelle Hortense. J'ai 27 ans. Dans ma formation, j'ai fait un parcours classique. Une école d'ingénieurs avec une spécialisation en informatique en dernière année. J'ai été diplômée en 2018. je suis restée deux ans dans une ASN nantaise pour qui le vivre ensemble et le bien-être au travail étaient importants. Suite à cela, en mars 2020, j'ai décidé de changer d'entreprise pour rejoindre Toovalu. Celle dans laquelle je suis encore. Pour donner un peu plus de sens à mon travail en tant que développeuse back-end.
Toovalu, qu'est-ce que c'est ? C'est une entreprise française basée à Nantes avec une trentaine de collaborateurs et collaboratrices. Dans l'équipe technique, nous sommes 10. C'est une entreprise qui édite son logiciel. C'est un logiciel pour piloter les stratégies bas-carbone et les stratégies RSI. Ça veut dire Responsabilité sociétale des entreprises. Je ne sais pas si ça vous parle. Nous avons des métiers classiques d'éditeurs de logiciels. Comme les commerciaux, les chefs de projet, les développeurs. La particularité, c'est que tous ces individus ont une appétence pour les enjeux de transition sociétale et environnementale. Nous développons un outil logiciel qui s'appelle Toovalu Impact. Et qu'est-ce que c'est ? Une solution logicielle. Le langage, c'est du Symfony et du Twig. Nous migrerons vers React.
Nous allons récolter des données extras financières pour venir évaluer tout cela. Qu'est-ce que c'est ? Dans le cadre d'une stratégie bas-carbone, nous allons venir récolter le nombre de kilomètres que les employés font pour aller au travail. Ça nous donne des émissions. En RSE, c'est plutôt le nombre d'hommes présents au board direction et le nombre de femmes. Pouvoir comparer les données. Les analyser pour en découler un plan d'action derrière. Pour améliorer tout ça.
Cet outil existe depuis deux ans et demi. Nous avons eu pas mal de feed-back. Pour cet outil. Je peux vous en dire un. Le rose. "Toovalu est notre partenaire depuis plus de six ans pour centraliser l'ensemble de notre reporting et reste sur toutes nos activités..." Nous sommes gonflés à bloc. Surtout sur l'ergonomie. Nous avons pas mal de retours positifs. Moi, intuitivement, je me disais : Toovalu, nous sommes accessibles. Mais nous allons voir...
_ Bonjour, moi, je suis Anais. je suis développeuse back-end. Je suis issue de la reconversion. Il y avait un super talk ce matin pour l'onboarding des reconvertis. Suite à cette reconversion, j'ai travaillé pendant deux ans et demi chez une agence Web, éditeur de logiciels. J'ai passé un peu partout. J'ai fini par arrêter de travailler parce que je ne trouvais plus de sens à ce que je faisais. C'est bien beau d'être DEV, faire des exports, c'est cool. Améliorer son code aussi. Mais pourquoi faire ? Le e-commerce, ça ne m'intéresse pas. Donc, j'arrête. Quand j'arrête de travailler, je zoome sur Netflix. J'ai tué Netflix pendant des mois. Ça faisait du bien. Mais il fallait que j'aille plus loin. Qu'est-ce que je veux vraiment ? J'ai découvert le référentiel opquast. Pour tous les métiers du numérique. La certification est adaptée à tout le monde. Ça permet d'avoir un langage commun dans les équipes. Parfois, c'est compliqué, surtout que nous sommes DEV. Devoir parler à un chef de projet.
Il y a à peu près un an, je me suis formée au développement de sites Web accessibles tout en restant back. Je ne suis pas passée du côté obscur. Je ne fais pas de front. Du coup, l'accessibilité, c'est quoi ?
_ Est-ce que parmi vous, certains connaissent Opquast ou le référentiel ? Oui, pas mal. Est-ce qu'il y en a qui sont formés au développement de sites Web accessibles ? Pas mal, il y en a encore quelques-uns. Bien joué. Est-ce qu'il y en a qui n'en ont jamais entendu parler ? L'accessibilité du numérique ?
_ OK, bien joué. Pourquoi vos logiciels ne sont toujours pas accessibles ? Je ne comprends pas. Je suis choquée. L'accessibilité, ça permet de rendre lisible pour tous les utilisateurs. Les hommes, les femmes, les dyslexiques, les gros, les petits, ceux à qui il manquerait un membre, les aveugles, les muets, les sourds. Tout le monde est représenté pour avoir accès au numérique. Mais ils n'ont plus accès. Nous avons de mauvais développeurs, de mauvais chefs de projet. Nous oublions ces personnes. Nous n'y pensons pas. Pendant longtemps, je n'y pensais pas. Pour moi, ces gens n'allaient pas sur Internet. Les handicapés avaient des outils à eux. Ils allaient pas sur le Web. Mais c'est faux. Ils existent vraiment.
Quand je suis arrivée chez Toovalu, j'ai rencontré Hortense, je suis contente parce que c'est une développeuse back. Je me sens moins seule. Et je découvre Aurélien. À l'époque, l'équipe est composée de deux DEV. Aurélien aussi est formé à Opquast. Il connaît bien les référentiels. Je vois en lui un mentor sur qui je vais pouvoir m'appuyer. C'est vraiment important de ne pas rester seule dans l'accessibilité.
Mais quand je parle d'accessibilité avec la direction et les autres membres de l'équipe, les consultants, les chefs de projet : Mais notre cible, ce n'est pas les handicapés. Alors, pourquoi faire un travail pour eux ?
Mais il y a un chiffre qui est important au niveau du handicap en France. C'est environ 20 % de la population française. C'est énorme. En face de moi, j'ai la direction qui me dit : Les handicapés, pas trop pour moi. Je lui dis : Pardon ? Tu te prives de 20 % de clients. C'est un acte que vous pouvez avoir avec vos entreprises. L'aspect financier marche toujours.
C'est à peu près au moment où j'arrive. L'état d'esprit où nous ne sommes pas d'accord. En tant que DEV, nous voulons bien faire. Il va falloir développer. 20 %, ce n'est pas assez. Il faut plus de chiffres. Et il faut motiver tout le monde. Comprendre qui sont nos individus et nos utilisateurs.
Dans le premier tiercé, les gens à l'aise avec le numérique. Comme vous. Vous êtes à l'aise. Mais ça représente un tiers de la population. Ce n'est rien. Le deuxième tiercé, ce sont des gens qui sont éloignés du numérique. Des gens qui n'ont pas d'ordinateur chez eux, pas de Smartphone. Au travail, mais pas dans d'autres lieux. Ils ne sont pas aussi rapides que vous. Ils n'ont pas les mêmes mécanismes que vous. Il faut fournir des écrans adaptés. Des fonctionnalités adaptées. Quelque chose de facile. Le dernier tiers, ce sera des personnes qui ont un accès difficile au numérique. Des personnes pour qui allumer un ordinateur, c'est un effort. Copier un document. Si vous ne mettez pas un nom intéressant sur un document, ça ne parle à personne. Il faut que nous, en tant que DEV, nous ayons conscience que nous développons pour ces trois types de personnes. Les personnes qui sont à l'aise, les personnes qui galèrent et les personnes qui galèrent au quotidien avec le numérique. Ouf !
Comme Hortense l'a dit, nous faisons de la RSE. Il faut savoir que certaines entreprises comme les gros groupes, ils ont des obligations. Sur notre outil, nous avons des projets qui sont de la RSE. Le reste, ce seront des projets climat. 20 % d'indicateurs pour le handicap. Les entreprises ont une obligation d'avoir ces indicateurs. Le taux de formation des personnes handicapées dans l'entreprise. Ça ne veut pas dire que 80 % est dans l'égalité. C'est juste qu'on n'est pas obligé de le faire. Quand on regarde les utilisateurs, on voit que la moitié des utilisateurs sont à RSE, dans de gros groupes. Nous avons des utilisateurs handicapés. Je prouve à mon entreprise que nous avons des personnes handicapées qui utilisent l'outil.
_ Avant de connaître Anaïs, l'accessibilité, je n'y connaissais pas grand-chose. En septembre 2021... Nous sommes tombées sur cette conférence, nous avons trébuché. À l'occasion des journées Tech for Good. Cette conférence a été tenue par Julie Moynat qui est conférencière en accessibilité. Ça s'intitulait : Construire un site Internet lisible et visible par tous et toutes. Nous avons découvert le RGAA. C'est le Référentiel général d'amélioration de l'accessibilité. Nous y étions Anaïs et moi et Laura qui est chef de produit chez Toovalu. C'est là qu'a démarré la prise de conscience. À force... avec le référentiel, je suis allée lire. Nous l'avons pris en main. C'est la chute. Nous tombions de haut. Nous ne sommes pas du tout accessibles. Qu'est-ce qu'on fait ? Nous allons essayer de nous autoformer. Former les équipes techniques et produits en interne. En parler autour de nous. Créer une synergie autour de ça. Commencer à réparer les énormités qu'il y avait dans notre code. Les nouvelles fonctionnalités. Nous anticipons. Nous intégrons directement l'accessibilité. Ça coûte moins cher d'anticiper que de réparer.
_ Comment nous, nous avons pu embarquer l'entreprise, il y a tout le process qu'Hortense a expliqué. Les gens de la gestion de projet. Nous allons communiquer. On communique, on communique et on communique. On se rend au harcèlement. Il faut que ça passe. Nous n'avons le choix que de se battre pour tout le monde. Tous les utilisateurs. Nous restons une petite structure. Quand nous travaillons dans le climat, nous n'avons pas une thune. Nous ne pouvons pas financer des outils fondamentaux. Donc, nous utilisons Slack pour communiquer. C'est souvent utilisé en entreprise. Je suis venue créer des petits types de pédagogie pour montrer comment on fait un sommaire accessible sur Word. Il suffit de le rendre applicable. C'est pareil pour les présentations. C'est le support de prédilection pour notre équipe. Ils ont une passion pour le PowerPoint. On peut trouver 250 images sur un PowerPoint.
Venir faire de la pédagogie, rappeler ce qu'est l'accessibilité, les contraintes, les utilisateurs.
C'est uniquement pour l'équipe technique, il y a un but Opquast. Nous avions une règle tous les 15 jours. Il fallait lire la règle, la comprendre. La mettre en place sur notre site Web.
Nous avons harcelé, mais à un moment donné, on ne peut pas aller trop loin. Je n'ai pas envie de perdre mon boulot. J'aime ma boîte. J'arrête de harceler les gens. Mais il faut se rendre compte à quel moment on va arrêter de harceler.
Lors d'une réunion trimestrielle, nous avons la RH, elle est dans le deuxième tiers des personnes qui patouillent dans le numérique. Elle n'aime pas beaucoup les ordinateurs. Mais en réunion trimestrielle, elle vient défendre l'accessibilité comme étant les valeurs de l'entreprise. C'est dingue. Même pas un an auparavant, on nous dit : Limite, les handicapés sont gentils... pendant longtemps, on a refusé les maquettes qui n'étaient pas accessibles. On nous a consultées pour avoir notre avis. C'est une autre étape. C'était énorme. Il faut pousser vos designers et vos chefs de produit à refuser et à refaire quand vous trouvez que ce n'est pas accessible.
Pour aller plus loin et montrer qu'on embarque l'entreprise, la semaine dernière, il y avait Paris Web, ce sont des conférences accessibilité et parité. Allez-y l'année prochaine. À Paris Web, il y a énormément de femmes. C'est complètement différent d'ici. Nous y sommes allées avec deux développeurs.
Quand nous sommes allées aux journées Tech for Good, Julie Moynat a dit une chose importante qui m'a marquée. "On ne peut pas se faire auditer ou ça ne sert à rien de prévoir un audit d'accessibilité si on n'a pas travaillé l'accessibilité en amont. Vous allez perdre de l'argent, l'auditeur va vous détester, et quand vous allez voir la montagne des critères que vous ne respectez pas, vous n'aurez pas envie de le remettre au propre." Si là vous n'avez pas fait ce travail dans vos boîtes, ne faites pas d'audit, ça va coûter trop cher. Mais on a beau être dans le climat et ne pas avoir d'argent, nous avons un outil pour implémenter des référentiels. Le référentiel de bilan carbone et RSE. Et si on sortait de notre code ? Et si on pourrait implémenter le RGAA directement dans notre outil ?
_ On va vous montrer comment ça s'est passé. Nous pouvons voir la structure du référentiel RGAA. C'est assez chargé. Il y a de très grandes catégories. Nous pouvons les passer. Il y a images, cadres, couleurs, multimédias, tableaux, liens, scripts. Structuration de l'information, présentation de l'information, formulaires, navigation. Consultation. Ça fait beaucoup. Toutes ces catégories sont liées à tous les métiers du Web. Même les développeurs back-end. Nous pouvons tous travailler dessus. Ces catégories ont des sous-catégories. Il y en a 106. On va les appeler des critères. Il y en a qui ont 13 critères. Chaque critère a des tests. Ça fait un total de 258 tests. Dans un audit d'accessibilité, on va venir sélectionner une certaine page, et on va faire passer manuellement dans tous ces 258 tests pour voir si c'est accessible ou non. Nous avons décidé de vous présenter la page de connexion. Parce qu'il n'y a pas grand-chose. Nous nous sommes dit : C'est forcément accessible. C'est petit. On va voir. On peut passer à la collecte. En haut, il y a toutes les catégories qui sont là. En implémentant le référentiel, ça nous a permis de connaître encore plus. Nous nous sommes rendu compte en utilisant notre propre outil qu'il y avait des gros problèmes. Si on regarde la catégorie deux, c'était difficile à lire. En termes de contraste.
_ Mais c'est joli.
_ C'est l'ensemble des données à collecter. Nous ne les avons pas toutes affichées. Je ne sais pas si vous voyez, il y a un endroit où c'est écrit "connexion". C'était la page où nous avons collecté les données. Il y en a beaucoup. Tu peux filtrer sur les couleurs.
Nous pouvons filtrer. Est-ce que tu peux prendre une donnée... nous nous sommes fait déconnecter. Est-ce que tu peux prendre une donnée où la valeur, c'est non ? C'est à quoi ressemble l'intérieur de la collecte. Nous pouvons sélectionner la réponse oui ou non. Ou sans réponse. En haut, il y est écrit 13 %. C'est ce que nous avons récolté. C'est très long. Nous avons aussi l'année de référence. Un audit, ça peut se faire tous les ans.
Un petit champ commentaires pour venir détailler pourquoi cette réponse est non. Lors d'un audit d'accessibilité officielle, l'auditeur peut dans ce champ vous mettre le boot code qui permet de corriger l'erreur qu'il a identifiée. On peut ajouter des pièces jointes si on veut justifier tout cela.
On peut passer à l'analyse. Nous avons une partie analyse. Nous collectons des données extras financières, nous les analysons, et nous mettons en place le plan d'action. Nous croyons que le RGAA allait marcher pareil. Nous identifions les critères où nous sommes le plus mauvais. Sur la catégorie couleurs, nous avons trois critères, un seul qui est validé.
Nous allons pouvoir retourner sur la présentation. Nous avons mis les captures d'écran au cas où nous avions un souci.
_ Nous sommes sur cette page de connexion. Elle nous sert de modèle. C'est moi qui ai fait le mini audit de notre page de connexion. "Je n'ai jamais fait ça, je reste une back, je ne veux pas changer de métier. Ce sera facile. Rien de fou." Il y a beaucoup de tests qui ne fonctionnent pas alors qu'on reste sur cette page. Je vous laisse imaginer l'état des autres. On va vous montrer quatre critères qui ne passent pas sur cette page. Ce n'est pas beaucoup.
Nous avons ce premier critère : pour chaque image porteuse d'information, est-ce que l'information est pertinente ? Nous sommes obligés d'avoir un audit réalisé par un humain. Nous n'avons pas d'outils capables de vérifier la pertinence d'une alternative textuelle. C'est toujours un humain qui va venir vérifier cela.
_ Je ne sais pas si vous vous rappelez sur la page de login. Nous avions cette image en bas. Je vous ai mis le code source. C'est en anglais. Nous avons fait le petit exercice de demander à la personne qui avait voulu mettre cette image sur la page de login ce que ça représentait.
_ Je te coupe. Ce n'est pas que nous sommes venus demander. Quand je vois l'image, je me dis qu'elle n'apporte rien. Un carré et des formes. Une planète. Ça n'apporte pas d'information. La solution que j'avais, c'était de vider pour ne pas que ce soit restitué aux personnes aveugles. Ça n'apporte rien.
_ En fait, ça a une vraie signification. (lecture rapide)
Nous en sommes loin.
_ C'est beau. Avoir une alternative textuelle avec ce message, ça valait le coup. Il faut que tout le monde entende ce message. Il est dingue.
_ La solution est de changer une alternative textuelle.
_ Le deuxième critère en erreur : les couleurs utilisées par les composants d'interface ou porteurs d'information sont-ils suffisamment contrastés ? On va avoir beaucoup de choses avec beaucoup d'informations. Les menus, le fil d'Ariane, des graphiques. Ils peuvent avoir des problèmes de contraste. Il y a les daltoniens. Il y a les personnes avec une déficience visuelle. Honnêtement, même moi en tant que valide, je ne porte pas de lunettes. Nous l'avons vu tout à l'heure sur les catégories, la partie cadre en plus, c'est illisible. Même pour moi qui suis valide.
_ Le problème, sur le bouton me connecter, on a fait l'exercice pour voir quel est le ratio de ce bouton. C'est 3,36. le RGAA propose 4,5. On propose d'augmenter le contraste. Ou avec une taille de police plus élevée. Ça peut être les deux.
_ Le troisième critère. "Dans chaque page Web, pour chaque élément recevant le focus, la prise de focus est-elle visible ?" Ça sera pour des personnes avec des déficiences visuelles. Ou certaines personnes qui n'utilisent que le clavier. Même vous, en tant que techniciens, on a tendance à utiliser le clavier. Nous allons très vite. Quand vous allez sur un page Web et que vous n'avez pas le focus, vous ne savez pas où vous allez. C'est chiant. Pour des personnes qui auraient besoin d'avoir le focus pour travailler, vous les avez empêchées de travailler. Vous les avez rendues handicapées sur votre site Web.
_ Sur les formulaires, ça m'arrive d'être perdue. Il y a une checkbox, ce n'est pas visible. Ils faudrait augmenter le contraste avec un fond plus foncé ou une opacité moins élevée.
_ Le dernier critère. On propose autocomplete. On utilise trop peu cette donnée en DEV. On peut mettre le nom de l'entreprise, numéro de téléphone. La plupart du temps, c'est les cartes bancaires. Pour l'utilisateur, c'est chiant de venir chaque fois réécrire exactement les mêmes interventions de site Web en site Web.
_ J'ajouterai que même si le navigateur le fait automatiquement, ce n'est pas le cas de tous les navigateurs. Nous n'avions pas de autocomplete. La valeur, ce serait mail. Ce n'est pas très compliqué. Voilà pour les critères.
_ Nous avons embarqué l'entreprise, nous savons que nous pouvons mettre un peu d'argent et de temps sur le développement de façon accessible. Mais il faut qu'on puisse intégrer tous les correctifs que nous avons à faire. Il y en a beaucoup. On ne peut pas tout faire. Mais nous pouvons créer des tickets de bugs. Jusqu'à il y a quelques semaines, je ne sais pas si c'est français, nous étions en scrum, nous avons changé de méthodologie, mais nous avons commencé à créer des tickets de bugs. Ce n'est pas juste pour les handicapés. Nous le faisons pour tout le monde, mais surtout pour les handicapés. Ce sont des bugs. Si vous avez des critères d'accessibilité qui ne passent pas sur vos sites et vos logiciels, c'est cassé. Il y a certains utilisateurs qui ne pourront pas travailler. Ensuite, il va falloir valider les maquettes. Il faut le faire en amont. On ne peut pas se dire : On va développer et on intègre les maquettes dans la foulée. Il faut qu'il y ait un filtre et un contrôle des maquettes avant que ça arrive aux développeurs.
Quand nous étions asynchrones, nous avons mis en place les modifications asynchrones. On écrivait les tickets quelques jours ou semaines. Mais c'était plus souvent quelques jours avant. Il y avait moi et les autres développeurs. Nous passions sur les user story. Nous faisons les retours. "Vous n'avez pas mis de title. Qu'est-ce que veut dire cette image ?" En tant que DEV, nous sommes incapables de fournir une alternative textuelle pour une image. On ne sait pas faire. Mais c'est pareil pour les couleurs ou les titres. Nous sommes mauvais là-dedans. Nous savons les implémenter, mais il ne faut pas nous demander de la création.
L'estimation asynchrone, c'est un bon moment de venir challenger les user story et faire monter votre équipe en compétence. L'objectif, c'est que toute l'équipe monte en compétence et que tout le monde soit capable de fournir un produit accessible.
Maintenant que vous êtes majoritairement des développeurs back, et que vous avez vu que nous, nous utilisons notre propre outil. Vous aussi. Lâchez vos idées, lâchez-le back, essayez de l'utiliser. Vous vous rendez compte du problème. Vous n'êtes pas responsables de la charte graphique, de l'ergonomie, quelqu'un s'en occupe. Vous avez le droit de voir des erreurs. Allez proposer des choses et faites évoluer vos outils. C'est jamais pour vous que vous développez. Mais pour d'autres.
Je vous ai mis quelques indicateurs. Ils permettent de tester 20 % des critères d'accessibilité. Ce n'est pas beaucoup, mais si vous les faites passer sur votre logiciel, vous allez avoir beaucoup d'erreurs. Ça va vous donner une piste pour avancer dans le bon sens. Si vous utilisez Wave et que ça vaut, mais que vous êtes 100 % conformes par rapport aux outils, vous ne l'êtes pas par rapport au RGAA. Vous avez besoin du contrôle d'un humain. N'oubliez pas, vous faites valider le HTML, il y a une logique. Parlez-en à ceux qui en font si vous n'en faites pas. Ils oublient. On voit des choses très étranges dans le code de certains sites Web.
Par rapport à la communauté, quand j'ai commencé dans l'accessibilité, je me suis retrouvée très perdue. Il y a beaucoup et peu de ressources. Il y a des ressources qu'on ne sait pas si elles sont encore à jour. Nous avons le Forum PHP qui nous permet de prendre la parole sur ce sujet. L'accessibilité pour les back, pas ouf. Il y a le Web2Day à Nantes. Beaucoup de conférences sur l'accessibilité. Ça peut aider votre équipe à monter en compétence. Opquast pour ceux qui n'ont pas la certification. À mon époque, on ne va pas parler d'accessibilité du numérique. Vous avez l'école Access42. Ils proposent des formations. Vous avez un blog très complet et très riche. Vous allez pouvoir trouver plein de ressources pour vous aider et aider vos équipes. Et en blog, vous avez aussi la lutine du Web. C'est Julie Moynat qui a un blog et un wiki très complet. C'est une mine d'or d'information. Pour tous les métiers de votre entreprise, elle va vous aider à la faire mûrir.
_ On voulait parler de communauté, c'est vrai que quand on se lance là-dedans, c'est dur. Mais quand des gens sont OK pour en parler, ça fait du bien de sentir que nous ne sommes pas tout seuls. Nous avons une surprise pour vous. Nous vous proposons gratuitement de tester le RGAA sur vos outils avec Toovalu Impact. Si ça vous intéresse, n'hésitez pas à flasher le QR code. Avec le formulaire où on vous demande votre mail. On vous contactera pour vous donner les accès. L'idée, c'est que vous puissiez faire passer... Je crois qu'on vous créera des entités de base, la page de connexion et Chrome.
_ Le plus pertinent pour vous. Si vous n'êtes pas sur un logiciel que vous voulez tester le site Web de la boîte, c'est OK. À vous de voir ce que vous avez envie de tester et d'évaluer.
_ Exactement. La bibliographie.
Est-ce que vous avez des questions ?
_ Pour ceux qui n'ont pas les QR code, nos mails sont là. Nous pouvons aussi vous répondre par mail. Que ce soit pour avoir des accès à notre logiciel ou pour nous poser des questions. Aucun souci.
(applaudissements)
_ Nous avons trois minutes pour les questions.
_ Bonjour, merci beaucoup pour cette présentation. J'ai deux questions. Une qui est assez rapide. L'autre plus longue. La plus rapide : Est-ce que désormais, vous incluez des critères d'accessibilité dans vos user friendly ?
_ Nous avons changé de méthode. Nous sommes passés à la méthode shape up. Nous avons des pitchs. Je vous laisserai regarder. Nous n'avons pas de daily en shape-up. C'est pris en charge. Je discute en permanence avec la X designer. Elle me demande de valider le contraste, la forme, et ainsi de suite.
_ La deuxième question plus longue ?
_ Est-ce que vous avez eu du feed-back de la part de vos clients sur les évolutions ?
_ Depuis que nous avons intégré l'accessibilité ? Je réfléchis, mais pas directement. Je crois que nous avons eu un utilisateur qui a pu se servir de l'outil alors qu'il ne pouvait pas avant. Nous avons plein de trucs à réparer. Nous avons beaucoup de clients qui zooment notre outil. On ne le faisait pas pour tester. Dans le RGAA, c'est 100 % pour être compatible. Nous n'y sommes pas encore.
_ Avec le client, ils ont passé plusieurs mois à chercher, ils ne comprenaient pas d'où ça venait. La cliente zoomait sur son écran et elle perdait une fonctionnalité. C'est fou d'arriver à ce niveau d'inaccessibilité, et pourtant, ça arrive. Et pourtant, nous sommes gentils, mais nous avions mal fait.
_ Nous avons le temps pour une dernière question.
_ Sinon, nous serons disponibles à l'apéro.
_ Vous m'avez stressée un truc de fou. Je ne suis pas bien. On se retrouve au bar.
_ Je me demande si les librairies comme boottrap ou autres sont déjà compatibles RGAA ?
_ La plupart sont Open Source et il y a des développeurs front qui travaillent sur l'accessibilité et qui font des choses très bien. Ils sont accessibles. Mais nous venons retirer des attributs qu'ils mettent en place. Nous venons déformer l'utilisation. Nous ne sommes pas formés et sensibilisés. Nous disons : Ça ne sert à rien. J'aurai du mal, c'est plus lisible. Nous dé formons les outils. Mais beaucoup le sont parmi eux.
_ Merci Anaïs et Hortense.
_ Merci à vous.
(applaudissements)
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