Retour d'expérience sur le sous-titrage des vidéos de l'AFUP, avec Hélène Schapira
25 mars 2020
L'AFUP, dans sa volonté de rendre les connaissances partagées lors des Forum PHP accessibles au plus grand nombre, a mis sur pied une équipe en charge du sous-titrage des captations des talks. Hélène fait partie de ces bénévoles qui offrent de leur temps et de leur patience pour retranscrire les propos des speakers. Elle nous parle de ce qui l'a décidé à nous rejoindre, et nous explique comment elle s'implique dans cette mission.
Hélène, tu participes au sous-titrage de vidéos de l'AFUP. Merci pour ton investissement ! Peux-tu nous expliquer ce qui te motive dans ta démarche ?
J'ai la sensation d'avoir pris conscience assez tardivement de l'importance de l'accessibilité. J'avais déjà entendu parler des sujets comme le RG2A et les préconisations d'accessibilité Opquast mais tout ça restait très abstrait pour moi. Et puis, j'ai croisé des gens (notamment à Sud Web) qui ont bien voulu prendre le temps de m'expliquer ce qui était déjà une évidence pour elleux : l'importance de rendre le web (et le monde en général) accessible. Et puis mon réseau s'est agrandi sur Twitter, et j'ai commencé à lire des témoignages de personnes handicapées et j'ai commencé à regarder le web de façon différente. Pour moi, le web c'était ce truc formidable qui reliait le monde entier (parler en temps réel à quelqu'un qui habite à l'autre bout de la planète), qui permettait de faire tout un tas de choses plus facilement et plus rapidement (sa déclaration de revenus par exemple !) et d'avoir accès à et partager tout un tas de savoirs (grâce aux blogs, vlogs) y compris professionnels gratuitement (par exemple, certaines conférences web comme l'AFUP, mettent gratuitement en ligne les vidéos des interventions)... et en fait, j'ai commencé à me rendre compte que c'était pas le cas pour tout le monde. Et j'ai réalisé qu'il restait encore beaucoup de choses à faire, que moi-même je n'aidais pas et que je pourrais sûrement trouver un moyen de faire mieux.
Tu donnes de ton temps à l'AFUP, et pourtant tu n'es même pas développeuse ! Ca nous touche d'autant plus : peux-tu nous parler de ce qui te donne envie de t'impliquer à nos côtés ?
Je ne suis pas développeuse mais je connais pas trop mal le milieu du web ! J'ai la chance d'avoir un mari développeur (entre autres) qui a toujours beaucoup parlé de son métier, qui a toujours pris le temps de répondre à mes questions, de m'expliquer tout un tas de choses sur le développement (avec des petits croquis et des métaphores !). Du coup, j'ai aussi commencé à m'y intéresser, j'ai appris quelques bases de programmation pour faire mon blog à l'époque (moche, parce que par contre je suis nulle en design !). Bref, quand j'ai vu le tweet de l'AFUP qui proposait aux gens d'aider pour le sous-titrage, je me suis dit que c'était une belle opportunité de donner un peu de mon temps pour aider.
Les membres de notre équipe en charge du sous-titrage sont libres de choisir les vidéos qu'ils souhaitent sous-titrer. Comment choisis-tu les sujets auxquels tu t'attaques ?
En général, je regarde d'abord les titres. Si le titre a l'air de parler d'un sujet hyper technique, j'évite. Pour les autres, je visionne des extraits (en général 5 minutes cumulées) : si la plupart des slides sont blindées de code ou si ce que dit le speaker a l'air vraiment technique, pareil, j'évite. Comme dit plus haut, je ne suis pas développeuse (de près ou de loin, je veux dire, je ne travaille pas du tout dans ce milieu) donc je ne suis pas capable de sous-titrer correctement des conférences trop techniques, et je ne veux pas faire perdre du temps au relecteur qui devra corriger tout ce que j'ai mal ou pas compris. Après, j'avoue, pour les premières, j'ai joué un peu la carte "facile" : j'ai choisi des vidéos les plus courtes (par exemple des keynotes d'ouverture ou de clôture) de sujets vraiment très peu techniques.
Avais-tu déjà sous-titré d'autres vidéos auparavant ? Etait-ce assez aisé de te lancer sur le sujet ?
Non, c'est quelque chose que je n'avais encore jamais fait, mais les explications de l'AFUP me paraissaient assez claires et complètes sur la manière de procéder. J'ai tout de même été surprise de la facilité avec laquelle ça se fait, j'avoue que je m'attendais à galérer pour mon premier sous-titrage, alors qu'en fait, c'était très simple. L'avantage du sous-titrage pour l'AFUP, c'est que les vidéos sont sur YouTube, qui propose déjà un sous-titrage automatique (loin d'être parfait, certes, mais au moins, on ne part pas de zéro, ce qui permet de gagner pas mal de temps au final).
Le sous-titrage des vidéos se fait au rythme de chacun : combien de temps passes-tu par vidéo ? Et cela se déroule sur une période de combien de temps ?
En fait, ça dépend de plusieurs choses : la durée de la vidéo forcément, la langue (contrairement à ce que j'anticipais, le sous-titrage automatique de YouTube est bien meilleur en anglais qu'en français donc il y a moins de choses à corriger), la technicité du sujet (ça dépend bien sûr de la personne qui sous-titre mais en tant que béotienne, j'ai dû chercher tout un tas de mots ou d'expressions sur Qwant, en phonétique la plupart du temps en plus !) et... la vitesse d'élocution du speaker (quand la personne parle très vite, on ne peut pas tout retranscrire, mais il faut faire attention, en réduisant le texte, de ne pas modifier le sens de son propos donc parfois ça demande un peu plus de temps).
Je n'ai pas fait attention au temps exact que je passais, mais je dirais que j'y passe au moins 5 fois la durée de la vidéo. Mon record a été d'une dizaine d'heures pour une vidéo de 40 minutes mais le speaker parlait vraiment très vite, mais tout m'avait l'air important et j'ai mis beaucoup de temps à retravailler des tournures pour réduire les phrases en gardant le sens !
Comme je le fais le soir, j'ai rarement le temps et l'énergie de me concentrer suffisamment pour le faire en une seule fois. En général, je me fixe un délai d'une semaine pour faire le sous-titrage et la relecture avant de valider. Si possible, j'essaie plutôt de le faire sur des soirées consécutives pour ne pas perdre le fil du sujet.
Merci Hélène pour le temps et l'énergie que tu accordes à l'AFUP, d'autant plus sur ce sujet qui rend accessible le savoir au plus grand nombre. Et merci d'avoir répondu à nos questions : nous espérons que cette interview donnera envie à d'autres de nous rejoindre au sein de l'équipe de sous-titrage !
Intéressé·e pour sous-titrer nos vidéos ? Contactez-nous : bonjour[at]afup.org
Thème : Associatif / Année : 2020